
L'époque pré-Hittites
La plus ancienne civilisation a peupler l'Anatolie
est celle des Hattis. Leurs principaux sites, Çatal Höyuk,
Haçilar et Alishar témoignent de leur degré
d'avancement, celui d'une civilisation urbaine ayant développé
un art original avancé. Çatal Höyuk est le plus
important site, et nous montre une architecture développée,
et un art religieux intéressant. Cette civilisation se développe
au contact des civilisations voisines au Proche-Orient, mais ne
connaît pas l'écriture. Elle perdure jusque vers la
fin du IIIè millénaire. A une époque encore
indéterminée (fin du Vè, ou bien fin du IVè
millénaire) se produit une invasion de peuples indo-européens
venus semble-t-il d'Europe Orientale par le Bosphore. Ces peuples
nouveaux sont les Hittites, les Luvites et les Palaïtes. Ils
assimilent la civilisation hattie dans le courant du IIIè
millénaire . Les Hittites deviennent alors le peuple dominant
en Anatolie Centrale. Le début du IIè millénaire
fait rentrer pour la première fois cette région dans
l'Histoire par le biais des Assyriens venus installer des comptoirs
commerciaux (karûn) dans la région, autour de la ville de Nesha/Kanesh.
On découvre alors une Anatolie découpée entre
plusieurs petites principautés. Après le départ
des Assyriens au XVIIIè siècle, Pithana, le souverain
de Kussara, s'empare de Hattusha, Purushanda, Zalpa et Nesha dont
il fait sa capitale. Son fils Anitta poursuit l'unification de l'Anatolie
et soumet ensuite la Cappadoce au sud, et se proclame "grand
roi". Ce premier royaume reste d'une importance primordiale
pour la région, et les souverains hittites se considéreront
toujours comme les successeurs des rois de Kushshar. L'absence de
textes écrits après le règne d'Anitta fait
que la suite des évènements reste méconnue
pendant près d'un siècle.
Le premier royaume Hittite
Les
premiers rois hittites ont laissé peu d'inscriptions écrites.
Ils sont surtout connus par certains écrits et listes dynastiques
laissés par leurs successeurs, qui malgré un probable
embellissement des faits, restent fiables. Le fondateur du premier
royaume hittite serait Labarna, roi de Kussara. Il aurait réussi
à soumettre le Hatti après de nombreuses expéditions
militaires victorieuses, et aurait même atteint la mer. Son
nom a ensuite servi à désigner le roi hittite jusqu'à
la fin du royaume. Son successeur est Hattushili I , son petit-fils.
Il est connu par le Testament politique qu'il a laissé. Son
nom (qui signifie "l'homme d'Hattusha" ; au départ
il s'appelle Labarna II) vient du fait qu'il a installé sa
capitale à Hattusha. Il réussit un brillant règne
au cours duquel il soumet le nord du Hatti jusqu'à la Mer
Noire, attaque l'Arzawa à l'ouest, le Kizzuwatna au sud-est
et va jusqu'en Syrie où il prend Alalakh. Cette expansion
le confronte à de nouveaux adversaires : les Hurrites en
Syrie septentrionale, et le royaume de Yamkhad (autour d'Alep).
Mais le plus grand danger pour Hattushili vint de l'intérieur,
où il fit face à la révolte de son fils et
de sa fille puis de son neveu qu'il avait pourtant désigné
comme successeur. C'est finalement son petit-fils Murshili I qui
lui succède. C'est un roi très capable, et un guerrier
brillant. Il bat le roi de Yamkhad et prend sa capitale Alep. Puis
il poursuit sa route, redescent l'Euphrate et prend la grande cité
de Babylone, dont il tue le roi Samsu-ditana, mettant ainsi fin
à la Ière Dynastie babylonienne. Mais après
cette brillante campagne, il doit vite rentrer à Hattusha,
où une révolte de palais a eu lieu pendant son absence.
Il est assassiné peu après à l'instigation
de son beau-frère Hantili I, qui prend le pouvoir. Ce dernier
eut un règne difficile, et fut battu par les Hurrites à
Karkemish, et les Gasga venu du nord du Hatti ravagèrent
ce pays. Le pays connut ensuite une situation particulièrement
trouble. Le fils et le petit-fils de Hantili furent éliminés
par Zidanta I, qui fut ensuite détrônhé par
son fils Ammuna. Cette instabilité se solda par la perte
de l'Arzawa et de l'Adana. Les successeurs de Ammuna sont à
leur tour tués par Huzziya I. Mais un petit-fils de Ammuna
par sa mère, Telebinu, détrôna Huzziya et le
condamna à l'exil. Telebinu va régner avec éclat.
Il remporte de grandes victoires sur ses voisins, mais ne peut vaincre
le royaume du Kizzuwatna, qui a profité de la période
de querelles successorales pour se rendre indépendant et
devient redoutable, et il doit signe un traité avec son roi.
Telebinu rétablit enfin la situation dans un Hatti qui en
avait bien besoin. Pour en finir avec la longue série de
coups d'Etat, il laisse un texte, l'Edit de Telebinu, où
est écrite la règle successorale que le royaume hittite
gardera jusqu'à sa fin. Sa succession est mal connue
en raison du peu de documentation laissé par les souverains
hittites suivants. On connaît leurs noms, et quelques-uns
de leurs actes. Alluwana n'a laissé que son nom. Son fils
Hantili II a fait face à une invasion Gasga. Tarhurwaili
et Zidanta II signent des traités avec les rois du Kizzuwatna,
mais le second ne peut empêcher ce royaume de tomber sous
la coupe de la puissance montante d'alors, le royaume hurrite du
Mitanni. Huzziya II, puis Muwatalli I (le secon détrônant
le premier, avant de se faire lui-même assassiner) se succèdent
sans plus d'éclat sur le trône du royaume hittite.
Ce royaume est alors menacé par ses voisins, les Gasgas toujours
turbulants, le royaume du Kizzuwatna, et surtout les Hurrites qui
fondent le royaume du Mitanni, et sont les suzerains de toute la
Syrie ainsi que du Kizzuwatna.
L'empire
Vers 1465, Muwatalli II
se fait détrôner par Tudhaliya I, qui s'est fait aider
par les puissants voisins du Hatti, les rois hurrites du Kizzuwatna
et du Mitanni, et amène de nombreux dignitaires hurrites
à la cour d'Hattusha. Il ne sera pas pourtant le plus fidèle
allié de ces royaumes, et leur inflige plusieurs défaites.
Il substitue sa domination sur le Kizzuwatna à celle du Mitanni,
et prend Alep. Il se lie ensuite avec le puissant pharaon d'Egypte
Thoutmosis III, qui domine alors le Levant. Ceci est le signe que
la puissance hittite se porte à nouveau bien. Hattushili
II ne se montrera pas digne de son père : il perd le Kizzuwatna.
Après un règne bref, c'est son fils Tudhayila II qui
lui succède. Il est plus heureux dans ses entreprises, et
réussit à vaincre l'Arzawa puis l'Assuwa. Mais il
ne peut pas rétablir la situation avec le Kizzuwatna, avec
lequel il est obligé de traiter sur un pied d'égalité.
Il doit attendre la fin de son règne pour enfin soumettre
son voisin méridional, et même soumettre des royaumes
plus à l'est. Son fils Arnuwanda I a un règne difficile,
au cours duquel il doit subir de nouvelles attaques des Gasgas.
Il perdra ensuite les principautés vassales du Haut Euphrate.
Tudhaliya III règne au début du XIVè siècle.
Les attaques Gasgas se font plus pressantes, jusqu'à la prise
d'Hattusha. Pour ne rien arranger, tous les voisins du Hatti, sans
doute au courant de ses difficultés, l'attaquent à
ses frontières, soutenus à l'est par les Mitanniens.
Dans cette situation désastreuse, Tudhaliya se fait assassiner.
Une fois Tudhaliya évincé,
son fils Supiluliuma I monte sur le trône du Hatti vers 1380.
Le nouveau souverain est un personnage énergique et intelligent
qui va renverser la situation en quelques années. La
première décennie de son règne sera consacrée
à la lutte contre ses voisins anatoliens. Il soumet l'Arzawa,
l'Assuwa, et repousse les Gasgas. Puis il se consacre à la
Syrie du Nord. Il reprend d'abord le Kizzuwatna, qu'il annexe. Il
peut ensuite attaquer les principautés situés au sud-est,
et fait des souverains des cités de la région ses
vassaux. Il soumet ainsi Alalakh, Alep, Karkemsih, Ugarit, le Nuhasse,
et parvient à étendre sa domination jusqu'au Liban.
Son adversaire principal, le roi du Mitanni Tushratta ne réagit
pas dans un premier temps, puis organise une coalition regroupant
Alalkh, Alep, Qatna, Qadesh et Damas. Le danger est d'autant plus
grand pour lui que Supiluliuma a accueilli un de ses rivaux pour
la succession sur le trône du Mitanni, Artatama. Mais le Hittite
va déjouer ses plans, et préfère attaquer par
l'est de son royaume. Il prend Milid, l'Alshe, et réussit
ainsi à pénétrer en pays mitannien par où
on ne l'attendait pas. Tushratta n'a plus qu'à abandonner
sa capitale Washshukanni, qui est pillée. Supiluliuma va
ensuite châtier les cités rebelles, aidant Ugarit restée
fidèle, et place des hommes fiables à la tête
de ces principautés. Il vient ainsi de porter un coup sévère
à la puissance mitanienne, qui n'est plus aidée par
son allié égyptien Akhenaton. Le Hatti est alors
le royaume le plus puissant du Moyan-Orient. Mais ses adversaires
réagissent : l'Egypte reprend Qadesh, et le Mitanni soutient
Karkemish assiégée. Supiluliuma doit alors repartir
dans une troisième campagne dans la région, et s'empare
de Qadesh et de Karkemish. Il place un de ses fils sur le trône
de cette dernière et un autre à Alep. La veuve de
Toutakhamon, Ankhesenamon, lui demande en mariage un autre de ses
fils, Zannanza. Il accepte, mais celui-ci est assassiné en
chemin (la conséquence de cette union aurait été
trop grave pour l'Egypte). Après sa défaite, Tushratta
est assassiné, et Artatama peut enfin monter sur le trône
du Mitanni. Mais la défaite de ce royaume a eu une autre
conséquence : l'indépendance de l'Assyrie, ancienne
vassale des Hurrites. Ce nouveau royaume se pose en rival du Hatti,
et son roi Assur-uballit prend Artatama puis son fils Shuttarna
sous sa coupe. C'est un désaveu pôur Supiluliuma, qui
soutient alors le fils de Tushratta, Shattiwaza. Celui-ci reprend
Washshukanni, avant de se faire repousser par les Assyriens venus
au secours de Shuttarna. Le Mitanni est alors coupé en deux
parties, l'une vassale des Hittites, l'autre des Assyriens.
Supiluliuma doit cependant partir de Syrie, car la situation est
redevenue trouble en Anatolie même. Il mourra de la peste
dans son pays peu après.
Le royaume hittite est
dirigé par un roi (en hittite labarna, ou en sumérien
lugal). Le roi détient ce pouvoir des dieux, dont il est
le représentant sur terre, comme le veut la tradition du
Moyen-Orient antique. Il rend la Justice, dirige l'armée,
est le grand-prêtre, et doit faire en sorte que son pays soit
prospère. La règle de succession est définie
dans l'Edit de Telebinu (voir plus haut), qui dit qu'un prince de
premier rang doit succéder à son père en premier.
Dans l'ordre de succession viennent ensuite un de second rang, puis
un mari d'une princesse de premier rang. Le successeur est le tuhkanti.
Enfreindre cette règle était très grave, et
les pire calamités pouvaient s'abattre sur le pays dans ce
cas. Le roi disposait bien sûr d'une administration pour
l'aider dans sa tâche. On connaît l'existence d'une
assemblée, le panku ou tuliya, dont on ne connaît pas
la fonction. Elle n'a de plus existé qu'au début de
l'ancien royaume, héritage probable du passé vite
laissé de côté lorsque le roi a pris plus de
pouvoir. Le premier personnage de l'Etat après le roi et
la famille royale est le Grand Scribe, le chancellier. D'autres
personnages aux attributions encore mal connues, et probablement
assez imprécises, constituaient le reste de l'entourage du
roi. L'administration des provinces était confiée
à un gouverneur, en hittite auriyash ishash, en akkadien
bêl madgalti, ce qui signifie littéralement "chef
de la tour de guet". Il est une sorte de préfet qui
dispose du pouvoir royal déconcentré. Il dirigeait
l'administration de sa province, organisée autour des villes
et des villages. Dans ses rapports avec les royaumes voisins,
le Hatti essayait avant tout d'en faire ses vassaux. Les rois hittites
ont signé de nombreux traités avec leurs voisins,
témoignant de leur volonté d'inscrire leur action
diplomatique dans un cadre juridique. Supiluliuma I eut une conception
de ses rapports avec les royaumes voisins différente de celle
de ses prédecesseurs. Il tenta d'éviter qu'ils deviennent
des sources d'ennuis par divers moyens. D'abord par l'annexion pure
et simple du Kizzuwatna, voisin turbulent, puis en plaçant
une vice-royauté, confiée à un de ses fils,
dans la ville de Karkemish, qui allait même survivre au royaume
hittite. La politique de présents, sous la forme de dons,
entre les grands rois, ainsi que les mariages de princes et princesses
hittites avec les autres familles royales, ou même avec les
vassaux, pratiques très courantes à l'époque,
étaient bien évidemment pratiquées par les
rois hittites.
Supiluliuma I eut pour
successeur son fils Arnuwanda II. Il eut à gérer la
crise à propos du Mitanni, et poursuivit la politique de
son père qui visait à placer ses fils sur le trône
de Karkemish et d'Alep, s'assurant ainsi leur fidélité.
Mais il mourut tout comme son père de la peste après
un règne court. C'est donc son jeune frère Mursili
II qui monte sur le trône à sa mort. La période
est difficile, et il doit faire face à des révoltes.
Il réussit d'abord à repousser les Assyriens pour
quelques temps, puis il soumet les royaumes d'Arzawa et d'Azzi,
et repousse les Gasgas. Il affirme ensuite sa supériorité
sur les royaumes d'Ugarit, l'Amurru, et Nuhasse. Après la
mort du frère de Mursili qui régnait à Karkemish,
terrassé par la peste toujours endémique alors qu'il
était au Hatti, les Assyriens reprennent l'offensive. Il
furent difficilement repoussés, et un nouveau prince régna
sur Karkemish. Muwatalli II succède à son père.
Son règne est assez difficile. Il réussit à
repousser le roi d'Ahhiyawa (pays à population achéenne)
à l'ouest, mais fait face aux Gasgas, qui détruisent
Hattusha. Muwatalli dut alors changer de capitale et s'installa
plus au sud à Tarhuntassa. Mais il dut aussi faire face au
retour en force de l'Egypte, dirigée par Sethi I puis Ramses
II. Ce dernier concentra son effort sur la ville de Qadesh, point
stratégique de l'Amurru. Lorsque le roi de cette ville passa
du côté du pharaon, Muwatalli passa à l'offensive.
Il réussit à repousser son adversaire lors de la fameuse
bataille de Qadesh. Mais cette guerre va profiter aux Assyriens
puisqu'elle détourne les Hittites du Mitanni. Adad-nirâri
I réussit à soumettre la partie occidentale du royaume,
et devient ainsi maître de la totalité de l'ancien
grand royaume mitannien. La mort de Muwatalli laissa le pays
dans une situation difficile. Comme il n'avait pas de fils de premier
rang, c'est donc un de second rang qui lui succéda, Mursili
III. Mais la personnalité forte du Hatti était Hattusili,
frère de Muwatalli qui avait déjà était
beaucoup impliqué dans les affaires du royaume. Il évince
son neveu après sept ans de règne (au cours duquel
il a néanmoins eut le temps de se brouiller avec l'Assyrie),
et l'exile. Hattusili III eut un règne pacifique dont lui
et sa femme Puduhepa laissèrent beaucoup de traces. Il reprend
les régions conquises par les Gasgas, et s'assura la paix
dans le reste de son royaume. Il s'allia aussi avec les Egyptiens
et les Babyloniens, ce qui devait tenir à distance les Assyriens.
Ilse fit néanmoins écraser par Salmanazar I, qui peut
alors définitivement rayer le Mitanni de la carte. Son
fils Tudhaliya IV lui succède, et doit mater des révoltes
en Arzawa et en Ahhiwaya dès le début de son règne.
Dans un premier temps, il fait la paix avec le roi assyrien Salmanazar
I. Mais son fils Tukulti-Ninurta I est moins amical, et réussit
à vaincre militairement les Hittites et leurs alliés.
Mais une offensive diplomatique très efficace (notamment
par l'usage du blocus économique) permit à Tudhaliya
de limiter les dégâts, sans compter que Tukulti-Ninurta
avait d'autres problèmes avec Babylone, et la paix est signée.
Vers la fin de son règne, Tudhaliya doit encore lutter contre
l'Arzawa, puis va même percevoir un tribut du roi d'Alasiya
(Chypre). Ce roi fervent réalisa aussi une réforme
religieuse, et organisa l'édification du centre cultuel de
Yazilikaya au Hatti.
Le règne du fils
de Tudhaliya, Arnuwanda III, bien qu'assez long, est mal connu.
Son frère Supiluliuma II lui succède, et réussit
à tenir les Assyriens à distance. Mais les temps sont
devenus difficiles. Il faut lutter contre les incursions de nouveaux
arrivants, les "Peuples de la mer". L'Anatolie est embrasée
par les guerres contre ces envahisseurs, qui ont déjà
détruit la civilisation mycénienne à l'ouest.
C'est sans compter sur la révolte du roi du Tarhuntassa (pourtant
membre de la famille royale), qui profite de la situation pour s'aggrandir
aux dépends du Hatti. Mais Supiluliuma II est surtout accaparé
par sa lutte contre les Peuple de la Mer, et il lutte vaillamment,
et organise une coalition avec ses vassaux Syriens pour combattre,
à Chypre, puis sur le continent. Les redoutables Phrygiens
menacent directement le Hatti, mais c'est finalement les plus farouches
adversaires de ce royaume, les Gasgas, avec l'aide des Mushki, qui
réussiront finalement à prendre une nouvelle fois
Hattusha pour la détruire définitivement au début
du XIIè siècle, ainsi que tous les autres cités
hittites. Pendant ce temps, les Philistins, les Zakkala, les Tursha,
les Shardanes et bien d'autres détruisaient les villes du
Levant. L'Egypte fait elle aussi face à ces invasions, et
n'est sauvée que de justesse par Ramses III. Puis les Phrygiens
prennent possession de l'ancien Hatti, tandis que Araméens
s'installent en Syrie.
Les royaumes néo-Hittites
Les invasions de la fin
du IIè millénaire ont profondément changés
le Proche et le Moyen Orients. L'Assyrie a vite du plier face aux
Aramaéens, et a perdu de son prestige. Ce royaume reste cependant
le seul a avoir survécut de tous les grands Etats des siècles
précédents. Le royaume hittite avait alors éclaté.
Le Hatti était tombé aux mains des Phrygiens, et les
successeurs des souverains hittites règnent dans l'ancienne
vice-royauté, Karkemish (d'ailleurs appelée Hatti
par les Assyriens). Quelques royaume restent aussi dirigés
par des hittites, tels que les successeurs des rois de Tarhuntassa,
la ville de Milid, et les royaumes de Gurgum et de Kummuhu (voir
carte). Ce sont les populations luvites qui semblent dominer, comme
le prouve l'utilisation de leur écriture hiéroglyphique
par les rois des royaumes néo-hittites dans les inscriptions
commémorant la construction de monuments. Plus au sud, les
Araméens prédominent. Ils fondent plusieurs royaumes,
Bît Agusi, Bît Adini, Bît Zamâni, etc.,
et leur apogée sera celui de Damas fondé au IXè
siècle. Entre ces deux ensembles existent des royaumes mixtes,
à Que et Unqi et dans le villes du littoral Syrien (Arpad,
Qarqar, Hamat). La population est mélangée dans la
Syrie de Nord et le Taurus, partagée entre Hittites, Luvites,
Araméens, Hurrites, et d'autres. Mais d'une manière
générale, les Araméens prennent vite l'ascendant
au début du Ier millénaire après la domination
de la région par le Hatti (Karkemish et Milid), qui perd
plusieurs de ces vassaux, qui deviennent des royaume araméens.
Ces royaumes sont pour la plupart des Cités-Etat. Une fois
les envahisseurs installés, la situation retourne à
un calme relatif, et la région dispose d'une certaine prospérité.
Le début de l'expansion
assyrienne va mettre fin à cette période. En 911,
Adad-nirâri II porte les premiers coups contre les tribus
Araméennes installées à proximité de
son royaume. Les royaumes néo-hittites continuent alors de
reculer : les Araméens ne cessent de rogner les territoires
de Karkemish,et la ville de Masuwari tombe aux mains de ceux-ci,
qui la renomment Til-Barsip, et qui devient capitale du Bît-Adini,
tandis que Hamath se soumet à un autre adversaire, le roi
David, roi d'Israël. Le roi d'Assyrie Assurnasirpal II (883-858)
devient un adversaire redoutable pour les royaumes de Syrie. Il
défait les royaumes araméens, et, après plusieurs
campagnes, il parvient à Karkemish, dont il reçoit
le tribut. Puis il se tourne vers le sud, et soumet Unqi. Son fils
Salmanazar III poursuit cette politique de campagnes vers l'ouest
de son pays. Après s'être débarrassée
des Araméens, il attaque les royaumes du Taurus, Que, Karkemish,
le Gurgum, Unqi. Il défait successivement deux coalitions
de royaumes néo-hittites. Lorsqu'il revient dans la région
en 853, Kummuhu, Milid, Gurgum, Unqi, Alep se soumettent sans combattre.
Mais une coalition autour du roi de Damas, regroupant les rois de
Hamath (qui passe sous domination araméenne), des cités
phéniciennes, d'Israël et d'Ammon, arrive à le
défaire à Qarqar. Mais Salmanazar a quand même
réussit à s'implanter dans la région en prenant
Til-Barsip pour an faire une forteresse, Kâr-Salmanazar. Il
prendra sa revanche une dizaine d'années plus tard, en infligeant
une défaite au roi de Damas et à ses alliés.
Pour se défendre, les royaumes néo-hittites et araméens
se tournent alors vers les royaume d'Urartu (en Arménie),
le seul rival à la hauteur de l'Assyrie. Cette dernière
est d'ailleurs en difficulté, et connaît une période
de troubles intérieurs qui l'affaiblissent. Mais le général
Shamshu-ilu réussit de brillantes campagnes depuis Til-Barsip,
et maintient la présence assyrienne dans la région.
Mais les rois d'Urartu Arghisti I (788-766) et Sarduri II (766-733)
réussissent à étendre leur influence sur Milid,
le Tabal, Gurgum, Kummuhu. Sarduri organise une coalition de royaumes
surtout néo-hittites qui remporte quelques succès
dans un premier temps.
L'arrivée au pouvoir
en Assyrie de Teglat-Phalazar III (747-726) va changer la donne.
Celui-ci est un souverain brillant, et dispose d'un royaume qui,
une fois bien organisé, va devenir inarrétable. Il
se porte contre Arpad, Que, Kummuhu, Karkemish, Gurum et Milid,
qu'il défait, à Samosate, disloquant ainsi la coalition
formée par l'Urartu. Puis il va vaincre Sarduri II dans son
pays, écartant ainsi la menace urartéenne. Pour ne
plus faire face à la révolte de roitelets araméens
ou luvites, il commence à annexer certains royaumes : d'abord
Arpad (vers 740), puis Unqi (738), et Damas (732). Son fils Salmanazar
V annexe Israël en 722, avant d'être détrôné
par Sargon II (722-705), qui doit lui faire face à une révolte
formentée par le roi de Hamath, qui provoque un soulèvement
à Damas et Arpad. Sargon II doit aller soumettre les rebelles,
et annexe Hamath. Karkemish se soulève ensuite sous l'impulsion
du roi phrygien, Midas. Là encore, Sargon II est victorieux,
et il annexe Karkemish en 717. Les autres royaumes néo-hittites
suivront à leur tour, après que les Assyriens aient
dévasté l'Urartu en 714. Milid est annexée
en 712, Gurgum l'année suivante, puis Que et Kummuhu. Il
ne reste plus de royaumes néo-hittites à la fin du
règne de Sargon II. Les dernières populations luvites
furent assimilées dans le courant du siècle suivant,
à force des nombreuses déportations infligées
par les Assyriens à leurs vaincus, qui favorisèrent
la prédominance des Araméens.
(source
: http://www.geocities.com/esagil1, site consacré aux civilisations
mésopotamiennes)
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